La notion de l’Autre vie, commune aux religions monothéistes, est presque toujours victime d’une immense méprise, en ce qu’elle est projetée au-delà de la mort des êtres humains : celle d’une âme libérée du corps… Cette dualité qui tire un trait définitif entre Terre et Ciel oublie la triade sacrée qui compose nos personnes aux yeux des mystiques de toutes traditions : le corps matériel, l’âme subtile et l’esprit divin – du latin spiritus. Qu’est-ce que cela change, dira-t-on ? Tout, puisque ce souffle spirituel tisse ensemble le mortel et l’éternel, le matériel et le conscient, le profane et le sacré, dans cette vie-ci, déjà. S’il nous « faut naître de nouveau » (première épigraphe, Evangile de Jean), c’est donc à ce monde d’ici bas… À la condition que notre être s’y rende totalement disponible, comme nous en avertit la seconde épigraphe (Baudelaire) : la « sainte prostitution de l’âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l’imprévu qui se montre » (p. 9)…

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