Mes références psychologiques

Robert Desoille

La théorie et la méthode du rêve-éveillé ont été inventées par l’ingénieur français Robert Desoille, né en 1890 et mort en 1966. D’abord disciple de Freud, il devient l’élève d’Eugène Caslant (1865-1940) qui avait mis au point une méthode d’investigation des images mentales et de voyance dans l’inconnu.

Desoille, lui, préfère étudier l’expression des images intérieures et personnelles dans un but thérapeutique. Il obtient ses premiers résultats dès 1923 et les publie dans différentes revues. Il développe ensuite une thèse issue de cette expérimentation. L’efficacité de cette méthode ne peut à ses yeux être comprise que par la comparaison avec les expériences mystiques : c’est la redécouverte de la conscience transpersonnelle.

Pour autant, Desoille est très soucieux de vérification scientifique et s’intéresse beaucoup, pour cette raison, à la théorie de Pavlov sur les réflexes conditionnés. Il parle alors de « rêve éveillé dirigé ».

Sa théorie et sa pratique sont reprises de manière très libre par ses élèves et on les retrouvera sous des noms variés (symbolic identification, dramaturgie, voyage imaginaire, visualisation créatrice, onirothérapie…) Le rêve éveillé partage d’évidentes ressemblances avec le Yoga-nidra, ou encore avec certaines pratiques du Yoga des rêves utilisé par les bouddhistes tibétains. Caycedo s’emparera de ces visualisations en fondant à son tour la sophrologie. De nos jours, d’autres disciplines s’inspirent également de ce type de pratique : la pensée positive, l’Assertivité, la psychologie noétique, les visualisations californiennes, etc.

Marc-Alain Descamps

Dans le cadre du rêve-éveillé tel que le pratiquait Marc-Alain Descamps, élève direct de Robert Desoille, l’interprétation se fait sur les bases de la psychanalyse freudienne et de ses apports ultérieurs (notamment lacanien et jungien). Une telle interprétation amène peu à peu une modification des images intérieures : le rêveur s’aperçoit qu’il peut cesser d’être victime des impasses apparentes dans lesquelles l’entraîne son scénario inconscient et qu’il est capable d’inventer d’autres images, ainsi que des solutions transposables dans sa vie quotidienne.

On passera ainsi peu à peu de l’image fantasmatique et compulsive, simple traduction de la névrose ou du symptôme, à une « image-force » qui frappe l’analyste « par sa répétition, sa singularité, sa symbolisation ou son inquiétante étrangeté », et qui correspond au « mythe personnel et familial » du patient. Elle commence à perdre de son pouvoir de fascination pour se transmuer à son tour en ce que l’auteur appelle une « image-carrefour », plus riche et plus libre, avant de devenir une « image mutative » (Marc-Alain Descamps, « La théorie du rêve-éveillé » dans Le Rêve-éveillé, éditions Bernet-Danilo, 1999). Cette image mutative offre une première manière de résoudre le conflit inconscient. Un nouveau plan de conscience peut alors se révéler : le surconscient, lié au sens des Valeurs et de la Transcendance. Dès lors, toutes les névroses apparaissent pour ce qu’elles sont en réalité : une agitation de surface qui jamais n’entame la sérénité de la conscience profonde.

La pratique du rêve-éveillé

Pour accéder à cet état de conscience modifié, il suffit de s’allonger, de fermer les yeux, de se détendre et de laisser venir à la conscience des images, entendues en leur sens le plus large : des représentations du monde produites par nos facultés sensorielles. Le film des images qui se déroule alors est le scénario choisi par l’inconscient pour exprimer des conflits refoulés, comme dans le rêve nocturne.
Le patient qui s’allonge raconte le film des images qui surgissent en laissant délibérément de côté deux types de phénomènes mentaux : le commentaire, d’une part, et le souvenir, d’autre part. Le rêve-éveillé correctement conduit peut donc être considéré comme un nettoyage ou une purification de nos perceptions.
Après le déroulement du film intérieur, dont le praticien note scrupuleusement les étapes, une seconde séance va être consacrée à l’analyse des images apparues.

Livre : La psychanalyse spiritualiste

Parmi les très nombreux ouvrages de Marc-Alain Descamps, on peut également citer, en particulier, celui-ci : La psychanalyse spiritualiste, coll. Psychologie, Desclée De Brouwer, 2004.

Texte de quatrième de couverture

« À l’heure où bien des frontières intellectuelles éclatent, la psychanalyse ne peut pas rester enfermée dans un a priori matérialiste. La détresse des nombreuses personnes qui ont vécu des expériences non ordinaires doit avoir une réponse qui ne soit pas seulement pathologique ou psychiatrique. En effet, l’apparition des problèmes psycho-spirituels se généralise et il faut pouvoir répondre à cette demande. Après avoir pendant tout un siècle exploré les couches les plus basses et les plus profondes de l’être humain, les temps sont venus de s’occuper aussi de ce qu’il y a en lui de plus haut. C’est donc une psychanalyse des Hauteurs qui trouve ici ses fondements. L’étude du surmoi et de la culpabilité n’empêche pas en particulier d’utiliser l’attirance des valeurs et la construction d’une éthique. La neutralité bienveillante doit se muer chez l’analyste en une positivité bienfaisante, qui doit s’ouvrir aussi à la réalité du spirituel. La notion de moi doit pouvoir s’élargir dans une réalité plus vaste et plus englobante. L’être humain est mu par une attirance de réalisation vers le meilleur de lui-même. Il trouve cette inspiration dans une spiritualité sans frontières, valorisée ici d’une manière transversale par Marc-Alain Descamps. »